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Les premiers 10 enseignements de la saison 2017 des taux servis sur les fonds en euros
Achevé de rédiger le 31/01/2018
Les 10 premiers enseignements à tirer de la saison 2017 des taux servis sur les fonds en euros
Comme chaque année, le mois de janvier a été rythmé par le rituel de l’annonce des taux servis sur les fonds en euros. Si certaines compagnies « jouent carte sur table » en donnant les taux servis sur tous leurs contrats, d’autres sont davantage sur le « marketing de communication » avec une publication très ciblée sur les contrats poussés à la vente… et une relative discrétion sur les autres !
1. Le discours des compagnies sur les fonds en euros est nettement moins anxiogène que début 2017 où l’on cumulait une OAT historiquement basse et le vote de la loi Sapin II.
En 2016, le rendement moyen de l’OAT à 10 ans était de 0,46 %. En 2017, il est remonté à 0,81 %. Si l’on reste évidemment sur des niveaux particulièrement bas, il y a tout de même eu une remontée de 35 centimes en 2017… et surtout une sortie de la « ligne rouge » de l’investissement à perte pour les assureurs-vie.
L’OAT à 10 ans poursuit sa remontée en janvier 2018, avec un niveau moyen de 0,82 %.
Rappelons que l’OAT à 10 ans avait atteint son plus bas historique à 0,09 % le 28 septembre 2016.
En parallèle, les marchés actions connaissent une forte dynamique. Le CAC 40 est ainsi passé de 4 848 points fin 2016 à 5 312 points fin 2017, soit une hausse de l’ordre de 10 % (en sachant que celle-ci n’intègre pas les dividendes servis par les sociétés).
2. Avec la forte poussée des marchés actions en 2017, les compagnies ont eu du mal à limiter la performance financière de leur actif général.
Le rendement financier de l’actif général de BNP Paribas Cardif (c’est-à-dire l’un des plus importants actifs généraux de la place) s’est élevé à 3,53 % en 2017, à comparer à 3,41 % en 2016.
3. Quitte à faire mal à l’épargnant en lui annonçant une baisse du taux servi, les compagnies optent le plus souvent sur la politique « d’une année sur deux ».
Mutavie qui avait fait chuter ses taux de 0,60 % en 2016 a rassuré ses épargnants en ne les bougeant pas en 2017.
Sogécap qui avait baissé ses taux servis de 0,60 % en 2016 a fait le choix d’une quasi-stabilité de ses taux en 2017.
La MACSF qui avait baissé ses taux de 0,45 % en 2016 a pu revenir vers ses sociétaires en 2017 en leur communiquant un maintien des taux servis.
Cette tactique d’une année sur deux consiste à baisser davantage que de besoin une année en étant conscient que de toutes les façons l’épargnant va « râler » et à revenir vers lui l’année suivante en lui annonçant une « bonne nouvelle ». La morale de cette politique est que « quitte à avoir mal, on peut avoir un peu plus mal que nécessaire ; on sera tranquille pour après ».
4. Les politiques de baisse sont de l’ordre de 30 à 40 centimes, ce qui est cohérent avec la baisse de rendement de la poche obligataire des actifs généraux.
Suravenir baisse de 0,30 % en 2017 après 0,50 % à 0,60 % en 2016.
GMF Vie baisse de 0,40 % en 2017 après 0,30 % en 2016.
MMA Vie baisse de 0,50 % en 2017 après 0,35 % en 2016.
5. Il faut savoir lire entre les lignes. Si certains taux sont attractifs, leur accès devient de plus en plus soumis à conditions.
Bon nombre de compagnies imposent désormais des taux de 20 à 25 % d’unités de compte (UC) dans les versements.
L’accès aux fonds en euros immobiliers est souvent limité à des montants maxima d’investissement de 100 000 à 200 000 €.
Certaines compagnies imposent désormais aussi des plafonds de versement dans les fonds en euros. Des investissements de plusieurs centaines de milliers d’euros dans un fonds en euros sont loin d’être systématiquement acceptés par les compagnies. Des contreparties sont souvent demandées en termes de placement en parallèle dans des UC.
6. La politique des bonus semble passer de mode. Les compagnies s’inscrivent davantage dans des politiques de % minimum d’investissement sur des unités de compte.
AXA France Vie a réduit la largeur des taux servis sur ses contrats « classiques » de 2,00 % à 2,50 % en 2016 (soit 0,50 % de bonus potentiel) à 1,90 % à 2,25 % en 2017 (soit seulement 0,35 % de bonus).
De même, Generali Vie a resserré la fourchette de taux servis sur son contrat Phi de 1,96 % à 2,36 % en 2016 (variation de 0,40 %) à 1,80 % à 2,10 % en 2017 (écart de 0,30 %).
Les clients allant davantage sur les unités de compte, les politiques de bonus finissent par coûter aux compagnies. D’où des politiques de rétrécissement des fourchettes de taux servis.
7. Les meilleurs taux servis sur des fonds en euros classiques émanent d’associations d’épargnants ou de mutuelles.
Les « grands classiques » sont fidèles au rendez-vous :
Asac Fapes : 2,58 % sur Epargne Retraite 2 Plus
MIF : 2,50 % sur le Compte Epargne Libre Avenir Multisupport
Afer : 2,40 % sur le Multisupport Afer
Notons en outre que ces mutuelles et associations n’imposent aucune contrainte de versement minimum en unités de compte pour accéder à leur fonds en euros.
8. Si les bonnes nouvelles sont habituellement annoncées en janvier avec des communiqués de presse flatteurs, les moins bons taux servis sont annoncés de manière beaucoup plus discrète… et ne sont bien souvent connus qu’à la réception des relevés annuels de situation.
Quels seront les taux servis en 2017 sur quelques contrats désormais fermés à la commercialisation, mais pour autant alimentés par les épargnants à une époque où les obligations étaient bien plus élevées qu’aujourd’hui :
GMO (La Banque Postale / CNP) dont le taux 2016 était de 1,00 %
Plan Libre Projet (Crédit Mutuel Nord Europe) dont le taux 2016 était de 1,00 %
Groupama Epargne (Groupama Gan Vie) dont le taux 2016 était de 1,20 %
9. La plupart des compagnies poursuivent des politiques de dotation massive à la provision pour participation aux bénéfices (PPB).
BNP Paribas Cardif a doté 775 M€ supplémentaires à sa PPB en 2017. Celle-ci s’élève désormais à 4 milliards d’euros, soit 4,94 % des encours… c’est-à-dire de quoi soutenir le taux servi de 0,49 % durant 10 années consécutives !
La PPB de GMF Vie atteint désormais un niveau de 6 % des encours.
De même, la PPB de MMA Vie est montée à 5 % des encours fin 2017.
La vraie question qui se pose derrière est de savoir quand et comment ces niveaux très élevés de PPB seront restitués aux épargnants. Si un Gouvernement voulait soutenir la consommation et la croissance, il pourrait autoriser sa restitution « spot » aux épargnants en franchise d’imposition et/ou de prélèvements sociaux (comme cela a pu se pratiquer historiquement en épargne salariale).
10. Après un exercice 2016 inégal, les fonds en euros dynamiques ont redressé la tête en 2017, la meilleure performance étant celle de Sécurité Target Euro qui avait fait le pari (judicieux) des actions européennes.
Sécurité Target Euro (Primonial / Oradéa Vie), fonds en euros dynamique avec une poche de diversification affiche un taux flatteur de 4,05 % en 2017. La gestion financière de ce fonds consistant « à cantonner » l’épargne investie sur une période ferme chaque année entre le 1er janvier et le 31 décembre permet au gérant financier d’optimiser son pari financier pour l’exercice à venir.
D’autres fonds en euros ont « bien redressé la tête » en 2017 :
EuroConviction (Panthéa / Nortia) est remonté à 2,56 % après 0,46 % en 2016.
EuroSélection (Spirica / UAF Life Patrimoine) est également remonté de 0,49 % à 1,89 %.
D’autres fonds en euros dynamiques, comme Euro Allocation Long Terme (Spirica) ont maintenu une belle performance avec 3,00 % servi en 2017 après 3,04 % en 2016.
Cyrille Chartier-Kastler
Fondateur de Good Value for Money
Rédigé par Cyrille Chartier-Kastler
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